Le Père Noël est-il une ordure ? Billet d’humeur sur la frénésie de Noël #1
Ah Noël, fête familiale par excellence, fête chrétienne, fête païenne (avant d’être déclarée fête de la naissance du Christ, Noël était bel et bien une fête païenne célébrant la nature et le solstice d’hiver, quand les jours rallongent), fête des enfants, fête gastronomique et fête commerciale.
Rien d’étonnant me direz-vous, nous vivons dans un monde marchand, toutes les occasions sont bonnes, et ce n’est pas nouveau, pour nous faire dépenser et consommer toujours plus. Après Noël, la fête des Rois, la St Valentin, la fête des grands-mères, des pères, des secrétaires, des gentils, et j’en passe.
Mais Noël, c’est un peu spécial, c’est LA fête de l’année, à ne pas manquer, source de dilemmes les plus kafkaïens : passer Noël chez belle-maman ? Qu’acheter au petit dernier sans se tromper ? La dinde ou pas la dinde, avec ou sans marrons, et le chapon?
L’hystérie du « consommer plus »
Noël, c’est la frénésie de l’achat poussée à son paroxysme. Les hordes de caddies qui essaient de se frayer un passage dans les allées surpeuplées des usines à consommer. Mais c’est la crise nous dit-on. La crise n’a qu’à bien se tenir, de toutes façons, elle ne va pas empêcher le consommateur de Noël d’acheter le cadeau tant attendu par l’être cher ou de remplir son frigo plus qu’il ne faut. Le consommateur s’arrêtera forcément devant les foies gras industriels gavés aux antibiotiques placés en têtes de gondole, et n’oubliera pas de traverser les empilements de chocolats à la graisse de palme qui n’ont de chocolat que le nom. Le parcours de l’acheteur effréné passera inévitablement par le rayon saumon fumé de Norvège – aux hormones – à la couleur rose fluo qui ne surprend plus personne…pour finir enfin au rayon « bûches à la crème au beurre » bonnes à achever les estomacs les plus solides.
A la caisse, la file d’attente ne va pas décourager le consommateur de Noël, parce que son foie gras de Bulgarie et sa langouste de Chine, il les veut !! (ça épatera sûrement belle-maman). Les chariots débordent de bouffe industrielle (bon, ce n’est pas nouveau, c’est le cas chaque samedi à l’heure de pointe dans les hypers) Ça en devient nauséabond. Dehors, certains crèvent et n’ont pas de famille. Dedans, les gens s’empiffrent et la moitié des invendus finira à la poubelle. Ah tiens, on est dimanche et le supermarché est ouvert ; heureusement, car le consommateur de Noël n’a bien sûr pas eu le temps d’aller s’approvisionner pendant la semaine, il préfère largement s’essayer au corps à corps jubilatoire dans la galerie marchande bondée.
L’esprit de Noël
Mais pourquoi ne laisse-t-on pas Noël aux enfants, les plus jeunes ? Ceux qui attendent avec impatience et naïveté l’arrivée du Père Noël avec les étoiles dans les yeux au moment d’ouvrir les cadeaux. Ce souvenir perdurera toujours, à l’inverse du billet gracieusement donné par mamie ou du dernier smartphone dans 6 mois déjà dépassé. L’émerveillement d’un enfant n’a pas de valeur. Savez-vous que plus d’1 français sur 5 envisage de revendre son cadeau sur Internet ? Savez-vous que certains parents souffrent de stress durant cette période par peur que le cadeau choisi ne plaise pas à leur enfant ? Savez-vous que certains vont faire un crédit à la consommation pour assouvir cette obligation de cadeau ?
Un article évoque également le matérialisme de notre société, qui ressurgit pendant la période de Noël : http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/la-puissance-de-noel-magique-ou-106684
Allez, il se passe quand même des choses sympas pendant cette période : les villes s’illuminent et s’animent de spectacles en tout genre, la neige qui arrive (peut-être) ravit les enfants, les odeurs de douceurs sucrées et de vin chaud inondent les rues, où les gens se retrouvent…J’aime bien cette ambiance. Dommage que la fête du commerce pour les adultes ait remplacé la fête des enfants.
ça alors vous avez complètement raison même un an après ;rien n’a changé hélas et c’est dur de faire évoluer les mentalités même au sein de sa propre famille !!peut être un jour !!
Peut-être ! Crise ou pas crise, la consommation est tjrs un modèle …