Marketing alimentaire : ces produits, marques, allégations qui portent à confusion

Les marques qui jouent sur des noms équivoques : les faux-italiens Aoste et Panzani

  • Des pâtes, des pâtes, oui mais pas des italiennes de Panzani

Peut-être que certains d’entre vous pensent que les pâtes Panzani sont italiennes ? Pas du tout, elles sont françaises, malgré les couleurs vert blanc rouge du packaging. L’entreprise se trouve dans la région lyonnaise, elle possède également la marque Lustucru, le riz Taureau ailé ou encore le couscous Ferrero. Bon alors ça au moins, c’est « made in France » on ne va pas s’en plaindre non ? Pour la petite histoire, il faut dire que l’Italie n’est pas complètement étrangère à cette affaire au début familiale : le fondateur Giovanni Panzani est bien né en Italie et ses parents, après avoir émigré en France, lui auraient changé le prénom en Jean pour mieux s’intégrer !

  • Aoste, un jambon italien ?

Le jambon Aoste est aussi italien que le roquefort est belge. Aujourd’hui la marque appartient au géant américain Smithfield foods roi du cochon en son pays, qui possède également en France Justin Bridou, Cochonou, Jean Caby. On est donc loin du prosciutto transalpin, ce jambon n’ayant rien d’artisanal. Mais le village d’Aoste en France existe bien ! Il s’agit d’une petite commune située en Isère.

Pour ne pas se tromper : sachez que l’Union Européenne a étudié le cas : désormais, la marque n’a plus le droit d’inscrire « Jambon d’Aoste » sur son emballage afin d’éviter toute confusion avec l’artisanal italien. Celui-ci comporte d’ailleurs l’appellation AOP « Vallée d’Aoste Jambon de Bosses ».

Jambon de Bosses

Les marques qui la jouent terroir ou qui se positionnent « haut de gamme » mais dont les matières premières laissent à désirer …

  • La pasta Giovanni Rana

Prenons l’exemple de l’italien Giovanni Rana (cette fois, il s’agit vraiment d’une marque italienne). L’image de marque renvoie à un produit artisanal, raffiné, limite fabrication dans l’atelier familial…bref, du haut de gamme dans la pasta. Quand on regarde de plus près, que l’on décrypte l’étiquette, la pasta semble déjà beaucoup moins appétissante, en tout cas sa garniture : matière grasse végétale (hydrogénée cela va de soi), fibres végétales en guise de viande ( ?)

Pour ne pas se tromper : on lit les étiquettes. Plus il y a d’ingrédients dans la farce, plus on fuit …

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Source Mes Goûts http://www.mesgouts.fr, excellent moteur de recherche alimentaire

La confusion sur les origines du produit

  • Les tromperies les plus célèbres : le camembert de Normandie et la charcuterie corse

J’en parle dans cet article : Terroir et qualité . De la même manière, la crème ou le beurre de Normandie, sous couverts d’un packaging très « ferme » avec la vache normande Marguerite en tête d’affiche sont souvent fabriqués avec de la crème venant de l’Union Européenne, en restant flou …

Pour ne pas se tromper : « Camembert de Normandie AOP » est la seule appellation qui garantit le vrai camembert.

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Camembert de Normandie AOP, le vrai

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Camembert fabriqué en Normandie, le « faux »

  • L’huile Carapelli … et d’autres

Décidément, la carte du marketing italien fonctionne très bien en France. Ben oui, on adore la gastronomie de nos voisins italiens depuis longtemps que voulez-vous 😉 Sans parler des vraies arnaques aux étiquettes sur les marchés de Provence (de l’huile d’olive coupée avec une autre huile ou de l’huile annoncée de producteur de Provence alors qu’elle vient d’ailleurs), j’évoque ici les astuces des professionnels du marketing pour orienter vos achats, en surfant sur le thème du terroir.

L’huile d’olive Carapelli se revendique huile italienne de Toscane. Sauf que quand on lit en tout petit sur l’étiquette « Mélange d’huiles origine UE« , on peut avoir des doutes… Il faut savoir que l’Italie exporte plus d’huile d’olive qu’elle n’en produit. Un système bien huilé ! Je cite cette marque mais le cas se présente pour quasiment toutes les autres marques sur le marché, comme Puget, dont les olives ne viennent pas vraiment de Provence dans ce cas. Entendons nous bien : il ne s’agit pas d’une affaire de goût, de dire qu’une huile avec des olives mélangées est moins bonne qu’une autre avec une seule variété d’un seul pays, il s’agit juste de dire que les packagings peuvent induire le consommateur en erreur.

Pour ne pas se tromper : lisez mon article sur comment bien choisir son huile d’olive. Et enfin, ne rêvez pas, une huile d’olive dont le litre est à 3€ ne sera probablement pas issue d’olives françaises ni d’un petit moulin artisanal. A titre d’exemple, une bonne huile artisanale coûte entre 15 et 25 € le litre voire plus.

  • Les champignons de Paris et le melon charentais

De Paris et de Charente, ces champignons et ces melons n’en ont que le nom. Tout simplement parce que ce sont des variétés et non pas des productions d’un terroir particulier. A l’origine, il y avait certes de nombreuses champignonnières dans la région parisienne, elles n’existent quasiment plus aujourd’hui. C’est la ville de Saumur en Anjou qui regroupe 70% de la production française. Ne soyons pas étonnés de trouver sur les étals des champignons de Paris venant de Hollande ou de Chine et des melons charentais essentiellement … marocains.

Pour ne pas se tromper : ayez l’œil sur l’origine du produit, elle est inscrite sur l’étiquette.

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  • La moutarde de Dijon nous monte au nez

Même si la Bourgogne produit 90% de la moutarde française, il faut savoir que « moutarde de Dijon » n’est pas protégée par une AOC, tout le monde peut donc inscrire cette appellation sur son emballage. Ainsi, les graines de moutarde nécessaires à la recette sont importées à 80% du Canada et le reste de la Roumanie, États-Unis, Hongrie et Danemark, et c’est tout à fait légal. Si vous pensez acheter un produit 100% français dans les boutiques Maille, vous vous méprenez !

Pour ne pas se tromper : si vous habitez en Bourgogne, recherchez les moutardes artisanales comportant l’appellation « Moutarde de Bourgogne » produit certifié IGP depuis 2009, qui n’utilise que du vin blanc aligoté de Bourgogne et des graines de Bourgogne. Votre recherche sera limitée car sachez qu’une seule entreprise produit de la vraie moutarde de Dijon : la moutarde Fallot. A défaut, choisissez au moins une moutarde au vin de Bourgogne et évitez celles au vinaigre d’alcool plutôt mauvaises.

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  • Le miel « de France » qui mélange les miels de différentes origines

La moitié du miel vendu en grande surface ne vient pas de France. Certains peuvent être coupés avec du sirop, ce qui est formellement interdit (une vraie arnaque !) Pas étonnant que leurs prix soient si bas en rayon … Un miel peut être mis en pot en France mais venir de plusieurs autres pays.

Pour ne pas se tromper : cherchez la mention « récolté et mis en pot par l’apiculteur » ou « origine : France » Évitez les miels où il est indiqué « mélanges de miels originaires et non originaires de la CE ou UE» dont on ne sait comment ils sont produits (mais on est quasiment sûr que la plupart viennent de Chine). Sachez qu’en agriculture biologique, les mélanges de miels sont interdits. Privilégiez les miels de terroir AOC/AOP (comme le miel de Corse) ou IGP (par exemple miel de Provence, miel d’Alsace) ou encore Label Rouge (miel de lavande). On préfèrera largement se fournir chez un petit apiculteur local. Les plus sains sont sans doute ceux de montagne, issus des parcs naturels, éloignés des zones de pollution aux pesticides…

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  • La fausse feta fabriquée … au Danemark

La véritable feta est un fromage fabriqué en Grèce (et uniquement en Grèce) à partir de lait de brebis de races locales, parfois mélangé à du lait de chèvre (à 30% maximum). Le nom « feta » est d’ailleurs protégé par l’Union Européenne (IGP). La feta n’est absolument pas fabriquée avec du lait de vache. Pourtant, on trouve des fromages très similaires dans les rayons, des sortes de cubes blancs parfaits pour les salades de l’été. Ce n’est pas une arnaque car le mot « feta » n’apparait pas. Mais cela peut induire en erreur le consommateur non averti. Ce fromage blanc industriel au lait de vache sort en fait d’usines géantes au Danemark, qui en produit pour le  monde entier.

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Pour ne pas se tromper : en lisant les étiquettes, dans l’Union Européenne, achetez tout simplement de la « feta » et non pas des « dés de fromage ». En dehors de l’Union Européenne, c’est une autre histoire, tous ces fromages peuvent librement s’appeler feta. Contrôlez alors le type de lait utilisé, du lait de brebis/chèvre et le lieu de fabrication, la Grèce.

  • Et les herbes de Provence ?

Vous sentez la garrigue ? Romarin, thym, origan …dans des petits paquets joliment emballés de tissus provençaux. Là encore, point de Provence. Ces mélanges viennent d’Europe de l’Est, du Maghreb, de Chine. Rien d’étonnant puisque la mention « herbes de Provence » n’est pas protégée, c’est un terme générique, tout comme le melon charentais.

Pour ne pas se tromper : sachez que les herbes de Provence avec un Label rouge sont obligatoirement produites en Provence.

4 réponses

  1. isa kaos dit :

    J’ai acheter dernièrement un pot de miel de forêt bio, une étiquette papier écrit en ENORME le nom de la famille d’apiculteur et l’adresse de Roanne… un packaging simple et efficace. Et s’il on y regarde de plus près, imprimé en tout petit sur le bocal de verre, le nom d’un pays (Amérique du Sud en l’occurrence). On fouille un peu plus et l’on constate que ce miel a fait des milliers de kilomètres… que c’est légale… Je trouve ça un peu malhonnête de jouer sur le BIO, le packaging et la loi. Les cafés ont leurs origines affichées : PEROU, ETHIOPIE… au moins c’est clair ! Et on l’achète et consomme ce café… c’est idem pour le miel, qu’il vienne du Brésil ou d’Ardèche, on fait notre choix.

  2. chad mendes dit :

    les illuminatie ont contaminé tout les aliments et nous pourrissent la vie , merci

  3. 1011 dit :

    En écho à votre article, plasticienne engagée, j’ai réalisé une série de dessins intitulée « Pouvoir d’achat ». Absurdité et cynisme des mots utilisés pour l’étiquetage des barquettes de viandes. Cette série de dessins aux crayons de couleur reprend mot pour mot les étiquettes des communicants de l’agroalimentaire. Affligeant comment les slogans font avaler n’importe quoi …

    A découvrir : https://1011-art.blogspot.fr/p/dessein.html

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