Le livre noir de l’agriculture par Isabelle Saporta

« Comment on assassine nos paysans, notre santé et l’environnement »

Quand ce livre est sorti début 2012 il a fait couler beaucoup d’encre. Son auteure  a parcouru les campagnes françaises pendant 2 ans. Comment passe-t-on de la fourche à la fourchette ? Pas bien je peux vous dire.

Des agriculteurs victimes d’un système absurde, des ressources gaspillées, la domination du capitalisme agro-industriel, une aberration écologique, des produits mauvais pour la santé, un monde qui marche sur la tête.

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Photo Wikipedia

Tous ces thèmes sont plus que jamais d’actualité. Nous en connaissions déjà généralement les enjeux. Mais ce qui m’a le plus intéressé dans ce livre, c’est l’analyse du milieu agricole qui est faite en profondeur, avec les détails les plus ahurissants au sujet de cette agriculture productiviste qui, en plus de nous dégouter, a de quoi faire peur…

Extraits :

« Heureuse comme une tomate en hiver »

« Le prodigieux régime méditerranéen a converti toute l’Europe aux vertus de la fabuleuse tomate. Si riche en antioxydant, en lycopène, en vitamine C. […] On en est devenu si friand que chaque Français en consomme plus de 13,3 kilos par an. On aime tellement cette plante sud-américaine qu’on la fait pousser un peu partout, même chez nous, même en Bretagne. Plus d’un tiers des tomates françaises sont produits dans cette belle région du Nord-Ouest. Pourtant, le climat hexagonal est peu propice dans l’ensemble à l’épanouissement de ce joli fruit. Qu’importe puisque, grâce au génie de la science et aux serres chauffées, on peut le faire pousser n’importe où, n’importe quand. 97%, pour ne pas dire la quasi-totalité, des 565000 tonnes de tomates fraîches produites chaque année en France ont poussé sous serre. […] C’est qu’il faut produire onze mois sur douze. Donc, sans serre, point de salut. Tant mieux pour le consommateur, qui ne veut plus se plier au diktat des saisons ; tant pis pour l’environnement. D’après une récente étude menée par Bio Intelligence Service, spécialiste du conseil en matière environnementale, une tonne de tomates cultivées à ciel ouvert représente 94,6 kilos équivalent pétrole. La même tonne du même fruit cultivé sous serre, c’est 946 kilos équivalent pétrole. »

« Sale temps pour le cochon »

« La taille moyenne des exploitations a été multipliée par 70 en quarante ans.[…] Trois mille élevages concentrent plus de la moitié du cheptel de France. En haut du podium, vainqueur toutes catégories, la Bretagne, qui détient le sinistre record d’élever plus de la moitié des porcs de l’Hexagone. En Armorique, il y a trois fois plus de porcs que de Bretons … Toujours plus de cochons sur des espaces toujours plus réduits. Pour mettre en place ce système, il a fallu rationaliser l’élevage. Un doux euphémisme : on a retiré les cochons de leurs cours, sans doute un peu rustiques mais dans lesquelles ils étaient libres de leurs mouvements, pour les entasser dans d’immenses bâtiments borgnes, éclairés par la seule lueur des néons. »

« Sous vos pieds flottent des kilos et des kilos de merde de porc, baignant dans des litres d’urine. »

« Elles avalent (les bêtes, sous entendu les cochons) aussi la moitié des antibiotiques vétérinaires de France. »

« Au fait, on en fait quoi, de ces coches de réforme ? Rillettes et saucissons ! La charcuterie, c’est 100% vieilles coches de réforme (truies), chargées aux métaux lourds après avoir consciencieusement léché les barreaux de leur cage pendant trois ans, gavées d’hormones et d’antibiotiques… »

« Cadences infernales, castration, claustration… Le cochon vit dans un enfer pavé de « bonnes » intentions productivistes. Le revers de cette hyperprolificité, de cette hyperproductivité porcine, c’est l’omniprésence de la mort. L’élevage concentrationnaire aura fait renaitre la pratique de l’eugénisme, même s’il n’est « que » porcin. »

« Lundi des patates, mardi des patates »

« Les techniciens des industriels dictent à l’agriculteur la marche à suivre pour faire pousser de la « patate indus’ » : traitements antimildiou (une maladie fréquente), engrais, tout est décidé par l’industrie. »

Bref, les constats sont édifiants. Après avoir lu ce livre, vous ne regarderez plus le contenu de votre caddie comme avant.

Le livre noir de l'agriculture

2 réponses

  1. Yves & Isabelle DRAY dit :

    Bonjour ,

    Je souhaite juste savoir ,si ce livre est encore en vente et où le trouver ?
    Merci
    Yves

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